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LE MENHIR - BRUNOY ECOLOGIE
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24 mai 2008

SOIRÉE LITTÉRAIRE DU 6 JUIN : LAURA ALCOBA

Edit du 12-06-08 :

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MANÈGES
LAURA ALCOBA

Éditions Gallimard

"Tu dois te demander, Diana, pourquoi j'ai tant tardé à raconter cette histoire. Je m'étais promis de le faire un jour, mais plus d'une fois je me suis dit que le moment n'était pas encore venu.
  J'avais fini par croire qu'il valait mieux attendre d'être vieille, très vieille même. L'idée me paraît curieuse maintenant, mais longtemps j'en fus persuadée.
  Il fallait que je sois seule ou presque.
  Il fallait que les quelques survivants de cette histoire ne soient plus de ce monde — ou bientôt plus — pour que j'ose évoquer ce bout d'enfance argentine sans craindre leur regard et une certaine forme d'incompréhension que je croyais inévitable. Je redoutais qu'ils ne me disent : « À quoi bon remuer tout ça ? » Et je me sentais gênée à l'avance d'avoir à m'expliquer. Il ne me restait plus qu'à laisser faire le temps pour atteindre ce lieu de solitude et de délivrance que j'imagine être la vieillesse. C'est exactement ce que je pensais.
  Puis, un jour, je n'ai plus supporté l'attente. Tout d'un coup, je n'ai plus voulu attendre d'être si vieille et si seule. Comme si je n'avais plus le temps.
  Ce jour, je crois bien qu'il correspond à un voyage que j'ai réalisé en Argentine avec ma fille à la fin de l'année 2003. Sur place j'ai cherché, j'ai rencontré des gens. Je me suis mise à me souvenir bien plus précisément que par le passé. Le temps avait fini par faire son œuvre beaucoup plus vite que je ne l'avais imaginé : désormais, il devenait pressant de raconter.
  M'y voici.
  Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. Je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu'il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu'il est très important de penser à eux. De s'efforcer de leur faire aussi une place. C'est cela que j'ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j'ai tant attendu.
  Mais avant de commencer cette petite histoire, j'aimerais te dire une chose encore : si je fais aujourd'hui cet effort de mémoire pour parler de l'Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d'enfant, ce n'est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j'arrive à oublier un peu.

Née en 1968, Laura Alcoba a vécu en Argentine jusqu'à l'âge de dix ans. Dans Manèges, elle évoque un épisode de son enfance 

Source : www.gallimard.fr

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Commentaires
T
Une histoire. Qu' Elle voulait raconter quand elle serait vieille...Ainsi on ne lui reprocherait pas :"Pourquoi remuer tout ça?" Et voici l'histoire argentine, les souvenirs d'une petite fille vivant sous la dictature argentine de Videla et la présidence d'Isabel, la veuve de Peron. La maison aux lapins. La clandestinité. Et pendant ce temps-là, où les adultes étaient occupés à autre chose, il lui fallait survivre. "Je n'ai que sept ans et j'ai compris à quel point il est important de se taire". La petite fille vit seule : les parents étaient occupés ailleurs. Dans ce devoir de mémoire pour son pays, Laura Alcoba ne bascule jamais dans le larmoyant. C'est simple, aride cependant, sombre, grave et beau. Quel style ! pour ce premier roman chaleureusement apprécié dans la zone européenne puisque déjà traduit en espagnol et en langue anglaise.<br /> En 1976, en Argentine,on estime qu'il y a 15 à 30 000 personnes disparues, 10 000 tués et 15 000 prisonniers politiques. Avant le coup d'état le pays était en proie à une inflation galopante, à des emprisonnements arbitraires, à un terrorisme d'extrême droite. C'était le régime A.A.A., l'alliance argentine anticommuniste, qui enlevait n'importe qui, n'importe quand.<br /> Mettant à profit cette situation, le général Videla a pris le pouvoir en voulant rétablir l'ordre et la stabilité économique. C'est la dictature et ses répressions. Est considéré comme communiste toute personne qui s'oppose à l'ordre établi...La répression des femmes fut particulièrement sévère. "Les folles de mai"...folles de douleur et venues demander des comptes à la junte militaire.<br /> Laura Alcoba nous a permis, par son témoignage, de mieux comprendre cette période. Nous avons passé en sa compagnie une belle et émouvante soirée.Merci à elle et à tous les lecteurs de "Manèges", premier roman, édité chez Gallimard.
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