PROCHAINE SOIREE LITTERAIRE : 19 JANVIER 2007

Pour cette première soirée de l'année 2007, nous proposons une expérience renouvelée : deux auteurs, deux livres.

Il n’est pas indispensable de les avoir lus l’un et l’autre pour passer une bonne soirée.

Pour les plus passionnés, bonne lecture !

Monsieur Cagole de Karol Rouland - Editions Séguier

Monsieur Cagole est atteint d’un eczéma incurable depuis l’âge de cinq ans. Une maladie somatique, une maladie de l’amour. La tendresse, il la trouve auprès de son cheval qui ne voit pas son visage craquelé et ses mains rongées par « les cafards » de l’eczéma.

Son cheval décède un jour où il neige, un jour où il peut sortir, ganté et cagoulé, sans se faire remarquer. Seul, perdu sans le seul être qu’il aimait, il quitte sa maison et se fait engager comme palefrenier dans un cirque. Il découvre « l’âme » du cercle magique où s’incarne le rêve autour duquel gravitent les artistes comme autant de planètes multicolores et singulières mais dont l’existence est consacrée à ce pôle mystérieux. Un univers éphémère, presque impalpable, un espace de liberté absolue où tout est à reconstruire et à imaginer, où tout est possible puisque rien ne s’y fige, le cirque. Le cirque accepte Monsieur Cagole et « ses cafards ». Monsieur Cagole raillera son amertume et travaillera une reprise de clown pour la présenter en spectacle. Cependant, après cette représentation réussie, réalisant que sa peau ne peut supporter le maquillage, il voudra se suicider. Sauvé par Emilio, lui aussi écuyer, il recevra régulièrement par la suite des lettres d’amour non signées. Le bouclier de « cafards » de Monsieur Cagole tombera peu à peu, le laissant nu et apeuré, puis de moins en moins apeuré, jusqu’à être prêt à aimer et être aimé. Il sortira de cette spirale du malheur dans lequel il vivait depuis quarante ans par sa faute et non la faute des autres comme il l’imaginait.

Du côté où se lève le soleil de Anne-Sophie Jacouty - Editions Philippe Rey

En 1697, Fénelon, archevêque de Cambrai et académicien, est au faîte d'une carrière exemplaire à Versailles. Pourtant, un grave différend l'oppose depuis trois ans à Bossuet, devenu son plus redoutable adversaire... et la Cour se passionne pour cette querelle. A l'instant où le roi s'apprête à trancher, Fénelon choisit de gagner son Périgord natal pour y attendre la sentence. Ainsi débute ce roman qui explore les subtilités d'une Cour impitoyable, où s'élèvent et se ruinent les destins... Mais c'est surtout un Fénelon attachant, complexe, déchiré, que l'on découvre ici, à mille lieues de la figure convenue qu'en livre la postérité. Comment pourra-t-il subir sa disgrâce ? Quel rapport lie le pouvoir à la morale ? Que sont l'obéissance et la liberté ? Au milieu des troubles magnificences de Versailles comme dans les solitudes du Périgord, Anne-Sophie Jacouty fait vivre des personnages d'exception alors que s'assombrit déjà le long règne de Louis XIV...

Comments

[DO]

A propos du roman de Anne-Sophie Jacouty

Du côté où se lève le soleil

Quel beau roman ! Intellectuellemet enrichissant et si doux à l’oreille et à la vue.
Il est dit sur la quatrième de couverture qu’Anne - Sophie Jacouty est critique musicale, ce n’est guère étonnant, les mots qu’elle emploie et la façon qu’elle a de les combiner sont parfaitement harmonieux. C’est peut-être celà le style. Elle aurait pu aussi être peintre; la description des paysages, les couleurs du ciel qui changent et se fondent selon les heures m’ont souvent fait penser à Turner.
Dans ce décor sonore et pictural parfaitement équilibré, elle place et fait agir Fénélon, au moment où, disgracié, déçu, il remet toutes ses ambitions en question. Dans ce Périgord idéalisé, il se déplace, agit avec grâce et légèreté. Il semble habité par un humanisme sincère qui fait oublier le courtisan manipulateur et opportuniste qu’il était précédemment.

[tantine]

Le superbe premier roman de Anne Sophie Jacouty "Du côté où se lève le soleil" relate dans un style d'époque, magnifiquement manié, les péripéties de Monsieur François de Fénelon. Cet achevêque de Cambrai, sacrifia les honneurs de la cour pour sa liberté. En effet, accusé par Louis quatorze, d'avoir pris la défense du quiétisme, il préfère se retirer de la cour, dans son archevêché de Cambrai. La doctrine du quiétisme, prônée par certains, dont Madame Guyon, fait alors appel à notre sens des responsabilités personnelles. En cela, le roman est tout à fait original. Bravo.